Les fossoyeurs du rail ont mis au point deux types de suspension. D’abord la suspension réelle. C’est le cas, par exemple, des sections de Laqueuille à Ussel et de Thiers à Boên : on a ainsi rogné les ailes à Clermont Ferrand.
Il y a ensuite la suspension virtuelle, aussi insidieuse qu’efficace.
Recette n° 1 : limiter drastiquement le nombre des circulations. C’est le cas de la partie nord de la ligne des Causses, où Saint Flour n’est desservie que par un seul train quotidien dans chaque sens (enfin, sur le papier).
Recette n° 2 : tronçonner un itinéraire en barreaux indépendants, afin qu’aucun convoi ne relie ses deux extrémités, et rendre toute correspondance entre les barreaux impossible ou hasardeuse. C’est le cas de la transversale Bordeaux – Lyon, où plus personne ne se risque ne serait-ce qu’à relier deux départements voisins.
Recette n° 3 : pourrir la vie des usagers. C’est le cas de la radiale Paris – Clermont Ferrand, où il ne se passe pas une semaine, voire un jour, sans qu’un Intercités ne connaisse plusieurs heures de retard.
Avec la fermeture des guichets, avec l’érosion des dessertes, avec l’abandon des lignes, avec le regroupement des technicentres loin du front, avec la généralisation de la commande centralisée, avec le recours à la sous-traitance, à l’externalisation, voire à la concurrence, sans même attendre l’avènement du train autonome, y-aura-t-il encore un agent SNCF en 2025 dans le Massif Central?